La formation continue attire de plus en plus de cadres

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Tous les établissements de l’enseignement supérieur, publics et privés, offrent des programmes de formation continue assortie de diplômes ou simplement qualifiante. Cette formation permet la promotion et la mobilité des cadres d’entreprises. Seule l’Agence d’évaluation de l’enseignement supérieur est à même d’évaluer sa qualité.

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La formation continue

Universités publiques, écoles supérieures et universités privées, écoles d’ingénieurs ne relevant pas de l’université, tous ces établissements et autres encore proposent des études en formation continue, au cours de la semaine, pendant les week-ends ou le soir. Ils sont destinés aux étudiants qui ambitionnent une formation au-delà de la licence, ou aux cadres d’entreprises ayant déjà entamé leur carrière professionnelle. Cette formation est inscrite dans la loi 01-00 qui incite les universités à dispenser, outre les enseignements et formations initiales qui préparent aux diplômes afférents, et outre la recherche scientifique, à organiser «des formations continues au profit des personnes engagées ou non dans la vie active pour répondre à des besoins individuels ou collectifs». Ainsi, parmi les missions du service public de l’enseignement supérieur, la formation continue occupe une place importante dans la charte d’éducation et de formation. Elle s’inscrit dans le cadre de la formation tout au long de la vie. Tous types de formations sont concernés, ils sont pour une bonne partie ou totalement payants selon le type d’établissement et selon les filières.
Cela dit, la formation continue permet à ces établissements de générer un chiffre d’affaires et une rentabilité assez conséquents. La durée de la formation peut s’étaler sur un ou deux ans (deux ou quatre semestres), selon les spécialités, et elle est souvent subordonnée à la réussite d’un concours (test écrit et oral). Bien entendu, cette formation continue peut être adressée à des candidats aussi bien d’entreprises privées que publiques, et peut être diplômante ou non diplômante. Un coup d’oeil sur ce que proposent ces établissements nous en donne une idée.

Des écoles publiques leaders en formation continue

Pour cette rentrée 2014-2015, à titre d’exemple, l’Ecole supérieure des industries du textile et de l’habillement (ESITH) propose en formation continue, entre autres, des masters spécialisés en faveur des lauréats du cycle licence professionnelle ou équivalent en hygiène, sécurité et environnement, en distribution et merchandising et en E-Logistique. L’ENCG de Settat, pour sa part, propose toute une gamme de masters spécialisés dans trois pôles : marketing, finance et management. Ils s’adressent aux lauréats bac+3 ou bac+4, les premiers acquièrent leur diplôme au bout de 4 semestres, les seconds au bout de 2 semestres. Et chaque semestre coûte à l’apprenant entre
35 000 et 55 000 DH, sans frais d’inscription.
Le secteur privé est aussi bien développé dans ce domaine. L’école HEM, par exemple, propose des programmes de formation s’adressant à des personnes justifiant d’une expérience professionnelle, des MBA organisés conjointement avec des établissements étrangers, des MBE en management général, en marketing et communication d’entreprise, en management financier. L’Université internationale de Rabat, aussi, propose des Executive masters en management stratégique, en risques financiers, banques et assurance, risques et santé au travail, et un master conception et construction métallique. Quasiment toutes les écoles supérieures et universités privées ont un département dédié à la formation continue.
Dans le secteur public, l’ISCAE, l’ENSEM (Ecole nationale supérieure d’électricité et de mécanique) et l’Ecole Hassania des travaux publics sont, à Casablanca, des leaders en matière de formation continue.
Une manne qui leur permet, conformément aux dispositions de la loi 01-00 instaurant une autonomie des universités, de mieux fonctionner et de ne plus compter sur les subsides de l’Etat pour financer leurs projets et diversifier leur offre en formation. L’université Hassan1er de Settat est l’une des universités marocaines qui compte à son actif une des plus riches expériences en formation continue, notamment à travers l’ENCG et la Faculté des sciences et techniques (EST). C’est une commission de suivi et d’évaluation issue de l’école qui supervise et centralise tout le travail. «Une telle instance de contrôle est nécessaire pour la crédibilité de cette formation continue», juge Said El Mezouari, responsable pédagogique de la filière finance au sein de l’ENCG. Le grand problème, se plaint-il, se situe au niveau de certains textes juridiques qui ne suivent pas cette évolution de la formation continue. C’est le cas du texte relatif au paiement des intervenants qui passent par une procédure administrative lourde, à telle enseigne que certains de ces intervenants attendent plus d’une année pour toucher leurs honoraires.
Pour résoudre ce problème, «un projet de réforme des textes est en cours, il est proposé par le président de l’université dans le cadre d’une commission nationale qu’il préside lui-même. Approuvé par le ministère de tutelle il n’attend que l’aval du ministère des finances pour qu’il soit opérationnel», poursuit M. El Mezouari. Volet effectifs et chiffre d’affaires, l’Université Hassan II de Settat a compté en 2013-2014 plus de 4 500 stagiaires inscrits dans les 5 centres de formation continue, contre 2 500 en 2010. Au titre de l’année 2012-2013, l’université a réalisé 113,7MDH comme chiffre d’affaires, dont 10% sont alloués au soutien de la recherche scientifique. Cet argent permet non seulement de payer les charges de l’université, mais aussi d’ouvrir de nouveaux établissements comme l’EST de Berrechid et l’ENSA de Khouribga.
Ahmed Nejmeddine, le président de l’Université Hassan 1er (qui briguera un nouveau mandat de quatre ans à partir de cette année), pour mieux rentabiliser ce département et pour plus d’efficacité, a nommé un chargé de mission dédié à cette formation, lequel a créé une commission au niveau de l’université. Objectif : «Harmoniser tout ce qui se fait au niveau de la formation continue et, surtout, élaborer un règlement intérieur puisque la loi 01-00 est muette sur cet aspect des choses», enchaîne M. El Mezouari. Il faut dire que d’autres ENCG, outre que celle de Settat, se distinguent par une riche formation continue, c’est le cas de celles de Tanger ou d’El Jadida (cette dernière travaille beaucoup en partenariat avec l’OCP).
Le secteur de la formation continue se développe d’année en année, et la demande existe. Selon une étude sur ce marché entreprise par le cabinet «Abwab consultants» créé par Abderrahmane Lahlou, expert en éducation et en formation, l’ensemble de ces programmes est estimé à un marché de près de 630 MDH. Si on lui rajoute les Masters en formation continue, estime l’étude en question, on tourne facilement autour des 670 MDH. Il est raisonnable de prévoir un doublement de ce chiffre avec la promotion de la formation continue qui devient un droit avec le nouveau projet de loi, sans compter les nouvelles actions assimilées à la FC comme le bilan des compétences, les actions de validation d’acquis de l’expérience et les études d’impact sur l’entreprise.
Le domaine de la formation continue se développe au niveau de la quantité, il devient même un filon pour gagner de l’argent, mais quid de la qualité ? Il y a du mauvais et il y a du bon, estiment les connaisseurs du secteur. Cette formation permet en tout cas à des milliers de cadres d’entreprises, publiques et privées, d’améliorer leur situation et leur rendement. Les établissements d’enseignement supérieur savent que c’est une demande solvable, ils diversifient leurs filières et accordent des facilités de paiement.
Que cette formation soit faite à titre lucratif, estime M. Lahlou, ce n’est pas en soi une mauvaise chose, encore faut-il que la qualité suive. «Cette formation s’impose, parce que la formation de base est faible. Des milliers de gens sont formés à l’à-peu-près, une fois dans l’entreprise ils se sentent dans le besoin de cette formation continue. Et cela permet aussi la mobilité de ces gens, de passer d’un métier à un autre, de mettre à jour ses connaissances pour suivre les nouvelles technique de l’entreprise», indique-t-il. Là encore, comme dans tous les cycles de formation, comme pour les accréditations des filières, l’intervention de l’Agence nationale d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique s’avère nécessaire, pour inciter le domaine à dépasser l’aspect purement mercantile pour offrir une qualité meilleure.
JAOUAD MDIDECH. La Vie éco
www.lavieeco.com
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